Interview de Franck Schouver, secrétaire du club, gestion de la communication avec les autres clubs et les organismes fédéraux (réalisée le 15 janvier 2024)

 

 

 

Première question, comme pour les autres interviewés, quand as-tu démarré le ping ?

J'ai démarré le ping en club de mémoire en novembre 1987. Je jouais dans la cave de mon voisin Sébastien Remarck depuis plusieurs mois déjà quand nos parents nous ont amené un samedi après-midi à la salle de Woustviller pour faire un essai. Nous avons tout de suite accroché, et je n'ai jamais plus lâché la raquette depuis.

 

 

Tu joues donc depuis 36 ans, combien de clubs as-tu fréquenté ?

 En 4 décennies, je n'ai finalement fait partie que de 2 clubs, officieusement 3. J'ai donc débuté à Woustviller, où je suis resté 9 saisons. Puis la mutation en 1996 pour Willerwald où je suis depuis. J'ai dit 3 clubs car je m'entraîne depuis maintenant 20 ans à Manom, on peut donc dire que je fais plus ou moins partie de ce club aussi.

 

 

Qu'est-ce qui fait que tu restes licencié à Willerwald alors que tu n'habites plus dans le coin ?

En effet, je vis à Hettange-Grande, à côté de Thionville, depuis 25 ans, de par mon activité professionnelle de développeur en informatique dans la finance à Luxembourg. Mais je n'ai jamais réussi à « couper le cordon » avec ma 2 ème famille, celle de Willerwald. J'y ai trouvé en 1996 exactement ce que je cherchais, un club où on aime passer du temps ensemble et taper la balle sans aucune pression de performance.

Et puis mes parents vivant toujours à Heckenransbach, les matchs de championnat sont aussi l'occasion d'aller les voir.

 

 

Comment as-tu évolué pongistiquement ?

À Woustviller, j'ai été formé par Fabrice Oldenburg et Freddy Deppner (qui jouent maintenant respectivement à Rohrbach-Bining et Kochersberg), qui venaient d'obtenir leur diplôme d'entraîneur quand j'ai commencé. Avec la dizaine de jeunes que nous étions, nous avons très vite progressé. J'ai un style de jeu basé sur l'attaque, mais je reste toujours dans l'attente de la meilleure balle pour attaquer, probablement par peur de la faute. J'en ai écoeuré plus d'un en poussette, je suis très patient dans le jeu.
Les classements commençaient à l'époque à 60 (équivalence actuelle 1100 points), un seuil que j'ai atteint au bout de ma 4ème saison. J'étais 55 (1200 points) en arrivant à Willerwald, je suis passé 13 une saison plus tard, et j'ai failli passer 14 en 2005, mais il m'a manqué 16 petits points.

 

 

Quelle est ta plus grosse perf ?

En individuel, lors de ma meilleure saison en 2005/2006, alors que j'étais 13, j'ai battu un défenseur de Montigny-les-Metz qui était 17. Cette saison-là, je m'entraînais 4 fois par semaine, je jouais sur un nuage et les perfs pleuvaient. J'avais même tenté les Indivs, où je suis monté 2 fois de suite, de D3 en D2 et de D2 en D1.

 

 

Quel est ton meilleur souvenir par équipes ?

Sur 36 saisons, il y a forcément beaucoup de bons souvenirs. Si je devais en choisir un, ce serait la montée en R3 en 2013 avec une équipe très jeune (sauf moi  :-) ) composée de Joris Peifer, Koray Parla, Cédric Klein, David Hilgert, « Ludwich » Stefanyszyn et moi. Nous avions joué les titres de R4 à Bains-les-Bains dans des conditions terribles, avec d'abord un quart de finale à Heillecourt un samedi après-midi où il faisait 35 degrés dans la salle et où nous avions gagné 11-7 avec des ascenseurs émotionnels successifs. Ce match aura été la plus belle cohésion d'équipe que j'ai vécue, car chacun s'est donné à 300% et a contribué à la victoire finale.

Un autre match avec quasiment les mêmes partenaires m'a également laissé un bon souvenir , c'est celui où nous avions joué à Obergailbach. Menés 9-2 en passant tous complètement à côté de notre match, nous étions revenus à 10-10 in-extremis.

 

 

Tu as également un peu percé dans l'arbitrage, peux-tu nous donner des détails ?

Quand je jouais à Woustviller, le club organisait chaque année un tournoi inter-régional. C'est Charles Krier qui en était le juge-arbitre, et c'est notre regretté ami Raymond Kuntz qui avait proposé que je lui donne un coup de main. C'est comme cela qu'est né mon intérêt. De fil en aiguille, j'ai passé les diplômes d'Arbitre Régional, de Juge-Arbitre 1 er degré, puis quelques années plus tard d'Arbitre National en 2009, et Juge-Arbitre 2 ème et 3 ème degré 2 saisons plus tard. J'ai eu l'occasion d'arbitrer les Championnats de France Seniors en 2018 et les Championnats du Monde à Paris-Bercy en 2013, énorme souvenir.

Dans mes attributions de Juge-Arbitre, je suis depuis 4 saisons le référent du Critérium Fédéral de Régionale 1 Masculine, ce qui signifie que je suis le Juge-Arbitre de tous les tours de ce niveau, afin d'apporter une certaine stabilité à la compétition et que les méthodes de travail ne changent pas d'un tour à l'autre.

 

 

As-tu un modèle dans le ping ? Qu'il soit célèbre ou pas.

Dans le jeu, les chinois sont encore nettement au-dessus du lot. J'ai toujours admiré le jeu de Wang Li Qin dans les années 2000, avec son grand gabarit pas très habituel et son extraordinaire topspin du revers. De nos jours, on est revenus à des rallyes entre joueurs très offensifs, la vitesse de jeu est impressionnante. Le chinois Ma Long est une légende, toujours 3ème mondial à 35 ans.
Côté français, évidemment Alexis et Félix Lebrun font beaucoup parler d'eux, à juste titre. Espérons qu'ils parviennent à rester dans le train pour, pourquoi pas, surpasser les asiatiques.

Plus proche de nous, j'apprécie beaucoup le jeu du jeune William Koehl de Haguenau/Wissembourg.

 

 

Dans le club, quelles sont tes attributions ?

Il n'y a pas vraiment de rôle prédéfini, et si certains disent que j'en fais beaucoup, je suis prêt à déléguer sans problème s'il y a des volontaires :-)

Je m'occupe de la communication avec les autres clubs pour les éventuels reports de matchs, et aussi de la communication avec les organismes départementaux (Comité Départemental, Conseil Départemental de la Moselle), régionaux (Ligue du Grand-Est, Région Grand-Est) et fédéraux.

Je gère les licences, les certificats médicaux, le site internet du club, la page Facebook et son groupe privé, et les dossiers de subvention qui demandent un temps fou, mais qui sont nécessaires pour la survie financière des associations sportives de village comme la nôtre.

En y ajoutant 2 séances d'entraînement, je pense que je consacre une bonne dizaine d'heures par semaine au club.

À côté de cela, je fais entre 10 et 12 prestations d'arbitrage et de juge-arbitrage par an, que ce soit au niveau départemental, régional ou national.

 

 

La cotisation au club est probablement la plus faible de toute la région. Comment l'expliques-tu ?

À Willerwald, la philosophie du club a toujours été de rester un club « familial ». Qui dit club familial, dit tarifs abordables. La cotisation annuelle (à partir de la 2 ème saison) est désormais de 50 euros, mais il y a 6 ans, elle était encore de 10 euros :-)

Nos dépenses sont relativement réduites, nous ne rémunérons aucun joueur, seul notre entraîneur des jeunes est rémunéré. Lorsque nous avons une grosse dépense pour du matériel ou de nouvelles tenues, nous essayons toujours d'obtenir une aide, publique ou privée. En cela, la commune de Willerwald a toujours été à nos côtés pour nous soutenir et nous l'en remercions chaque année.

Hormis cela, nos 2 événements annuels (fête d'été et repas d'hiver) sont nos seules rentrées financières. Il faut donc tenir un budget serré pour ne pas faire grimper le montant de la cotisation. 50 euros, ça reste très peu pour pouvoir pratiquer un sport toute l'année avec la flexibilité que nous proposons.

 

 

Nous avons depuis quelques années un entraineur en la personne d'Eric Messemer de Sarre-Union. C'est primordial pour la survie du club d'avoir quelqu'un qui encadre les séances ?

Oui, on ne peut plus faire autrement, à moins d'avoir dans le club quelqu'un qui a les compétences, et surtout le temps (!!!) de le faire. Eric s'occupe des jeunes depuis plusieurs saisons maintenant, il connaît nos attentes et il est diplômé, ce qui rassure tout le monde sur sa capacité à gérer nos jeunes pousses.

Si l'on veut que le club perdure, il faut des bénévoles qui le gèrent, et des encadrants pour que les jeunes continuent de s'intéresser au ping. Le bénévole est déjà une espèce en voie de disparition, les années à venir vont être difficiles pour toutes les associations.

 

 

Le club a perdu 2 de ses meilleurs joueurs la saison passée. C'était compliqué ?

Clairement, oui. Je l'ai très mal pris car nous avions discuté et je pensais qu'ils resteraient, l'annonce du départ m'a fait mal. J'ai eu quelques nuits très courtes après avoir appris leur décision. Du coup, la question s'est posée pour la première fois dans ma tête : partir ou rester ?

Je n'ai finalement pas voulu quitter le navire en plein naufrage, comme tous ceux qui sont restés. Bien sûr, la première phase de la saison dernière a été un cauchemar, mais c'était prévu, il fallait donc serrer les dents.

Je suis assez satisfait de la façon dont nous avons géré les choses, et au final 4 joueurs qui avaient arrêté ou voulaient arrêter de jouer (Cédric Klein, David Hilgert, Koray Parla et Michel Kimmel) sont revenus taper la balle, et Pierre Romang qui ne jouait qu'en loisir s'est décidé à reprendre la compétition, à raison car il fait une très belle saison. Nous avons réalisé une belle première phase même si nous avons raté la montée avec l'équipe 2.

 

 

Hormis le ping, tu fais également d'autres sports, jamais fatigué ?

Au contraire, c'est un moyen de rester en forme. Et également et surtout un moyen de ne pas prendre 10 kilos en un mois, car j'ai tendance à avoir un gros coup de fourchette :-)

À l'âge de 30 ans, après mon divorce, le sport a été en quelque sort mon exutoire, un moyen de me vider la tête. Au fil du temps, j'en ai fait de plus en plus. Aujourd'hui, c'est quasiment tous les jours. Je varie les disciplines pour ne jamais solliciter les mêmes parties du corps 2 jours de suite. J'enchaîne donc les séances de ping, natation, footing, marche rapide et vélo (sur route ou home-trainer). Mais le ping reste la seule activité que je pratique en compétition, toutes les autres, c'est en loisir et ça le restera. J'ai la chance de vivre avec une femme qui me laisse faire quasiment tout ce que je veux, et j'estime que je suis déjà suffisamment absent de la maison et que je ne peux/veux pas en demander plus.

   

 

Comment vois-tu le club évoluer dans les prochaines saisons ?

Il faudra clairement changer des choses et faire évoluer quelques mentalités. Sur le fond, tout le monde est toujours d'accord pour changer, mais quand il faut trouver quelqu'un pour implanter les changements, il n'y a généralement plus personne. Le club se situe pile entre la Moselle et le Bas-Rhin, il faut jouer là-dessus et multiplier les actions entre nos 2 départements, comme cela a été le cas pour la formation d'Initiateur de Club en septembre dernier. Il y a un bassin de clubs assez importants dans notre région qu'on appelle l'Alsace Bossue. Petit-Réderching par l'action continue de son président Pierre Krutten est un club très dynamique en ce sens, tourné vers la jeunesse et la formation.

 

 

Tu passes le cap des 50 ans cette année, où te vois-tu dans 10 ans ?

En équipe 1, bien évidemment !!  :-)

Plaisanterie mise à part, seule la santé compte, le reste n'a que peu d'importance. Après une petite blessure pendant un footing en Turquie en 2019, j'ai subi 3 ans de douleur dans le genou et de diagnostics/soins erronés, jusqu'à ce qu'une médecin urgentiste trouve enfin ce que j'avais. Je me suis donc fait opérer du ménisque en décembre 2022. Une opération très courte et bénigne dont on se remet en 2 ou 3 semaines, ce qui a été mon cas. J'ai pu rapidement reprendre le chemin de la salle et retaper la balle, et aussi la course à pied, sans aucune contrainte, ni douleur. Si je joue encore dans 10 ans et que j'ai la même condition physique qu'aujourd'hui, je signe tout de suite  :-)

 

 

   

 

 

A bientôt pour une nouvelle entrevue !

 

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